Prémices d'un départ.

Renkiam soupirait. Encore une fois, la journée n'avait pas été facile, levé à l'aube, travaillant jusqu'au crépuscule sous une pluie battante avec seulement une petite pause à l'heure du repas. Il n'avait pas aperçu le soleil aujourd'hui, car les sombres nuages d'Oldrain couvraient tout rayons.
Mais quel était le pire dans cette vie? Travailler toute la journée en jouant des muscles pour une si maigre pitance? Devoir subir les contraintes toujours plus grandes de Trinité, exploitant dans l'indifférence ceux qui doivent vivre et nourrir les leurs? Vivre peut être dans l'un des endroits le plus reclus de Van'Terria?
Non, le pire était de devoir vivre avec ce passé, de devoir vivre avec le remord des anciennes actions. Vivre à Oldrain n'était pas le problème, mais cela allait bientôt faire 5 ans qu'il survivait, sans amis, sans liens, seul.

La pluie et les gouttes tombait de son imperméable pendant que Renkiam se dirigeait vers son ''refuge'', qui n'était en faite qu'une simple chaumière dans les plus bas quartiers de la ville. Elle suintait l'eau et n'importe quelle personne dirait que c'est inhabitable, que même les écuries de Van'Velta sont plus accueillantes.
A vrai dire, il n'y pensait pas. Il ne pensait pas vraiment à grand chose. Ses seules préoccupations étant la crainte d'être découvert, de mourir, et de perdre le seul soutien qu'il lui reste : celui de sa déesse, Elianne.
Autrefois persuadé que devenir le Templier d'Elianne était le meilleur moyen de l'honorer, Renkiam n'en était plus sur.
Renkiam continuait à marcher, sans précipitation, sans motivation, errant lentement vers son refuge sur la route trempé et les pavés humides. La rue principale d'Oldrain n'était pas réputé pour sa grande sympathie avec les hommes, et bon nombre de ces derniers sont morts en glissant sur des pavés humides. Ce qu'on appelle un accident bête n'était parfois que le dessin de la vie : Cruelle.
Et pour tout dire, cette rue était pratiquement toujours vide. Les seules personnes l'empruntant rentrait chez eux ou allait au travail. Le temps non plus n'aidait pas à la remplir.
Pourtant, cet homme se tenait debout, sur le chemin de Renkiam...

« Ça te fera sortir de tes bureaux ! » lui avait dit ce soi-disant indic.
Mais entre rester bien au chaud dans le somptueux manoir de Mr.Barker, et passer des heures sous les nuages menaçants d'Oldrain, après avoir traversé la froide région d'Halvaska, comment ne pas préférer l'enfermement ?

Certains diront le contraire, que la pluie et la fraîcheur les animent. Mais ce n'était pas le cas d'Hanzeem, qui avait reçu l'information comme quoi des choses étranges se déroulaient dans des quartiers mal famés d'Oldrain -Mais n'est-ce pas la ville elle-même qui est mal famée ?-. Plus précisément, qu'un nouvel arrivant avait comme un comportement étrange. Certes, qui était normal dans ce monde de fous ? Mais il était de son devoir, en tant que membre de Kaovan, d'aller s'assurer qu'il n'y ait aucun danger.

En effet, ce genre de cas est typique d'un Noah pas encore habitué à vivre en tant qu'humain. Il avait signé pour ça après tout, bien que ça ne l'enchantait guère, lui qui préférait le calme paisible et mouvementé d'une bougie éclairant un livre débordant de sens et d'intérêt. Voilà donc qu'il était partis vers le Nord, au travers de la forêt de Pins, alors que le soleil lui-même se levait à peine. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait me trajet, ainsi il put se servir de son « raccourcis » pour diminuer le temps de voyage, qui aurait dû prendre deux jours. Pour éviter d'apparaître en plein milieu de la foule, il préféra ne couper qu'un bout de la forêt, et faire le reste à la marche.


Malgré cette astuce, le soir tombait lorsque la neige devient rapidement pluie, et que les structures sombres d'Oldrain lui apparurent au loin, alors qu'il sortait des bois. D'ici, on pourrait croire à une ville morte… Ce qui n'était pas loin d'être le cas.
Il s'y aventura donc, après avoir ouvert un petit parapluie qu'il avait emporté, sachant où il allait. Le missionnaire s'arrêta une fois sous un abri, afin de confirmer la description et l'adresse de l'individu suspect. Une rue peu fréquentée, parfaite pour ne pas se faire remarquer, bien que si c'était bien une de ces créatures, c'était raté puisqu'il était là pour elle.

Il prit pas dans cette petite ruelle, qui en effet, était plutôt vide. Les seuls bruits que l'on pouvait entendre étaient ceux de la pluie tombant sur les pavés au sol, les pas d'Hanzeem, et ceux de l'homme qui venait d'apparaître dans son champ de vision. Un rapide coup d'oeil lui apprit qu'il n'était pas la personne qu'il recherchait. Cependant, en observant un instant de plus, quelque chose lui revint.
Il ne savait pas où, ni quand, mais il était sûr d'avoir déjà vu cet homme. Il s'arrêta donc, à côté de lui, assez proche pour voir son visage… et le reconnaître. Il esquissa un petit sourire. Finalement, cette journée allait prendre un autre sens... Il leva la main, l’interpellant :

«Sale temps aujourd'hui, n'est ce pas? Bien loin du climat d'Eminence… »


Il gardait un air décontracté, une main dans sa poche. L'autre, gantée, tenait toujours son parapluie. Il ne voulait pas se montrer agressif, simplement lui faire comprendre qu'il l'avait reconnu.

L'homme en face de Renkiam était pour lui une grande surprise. Trop calme, trop serein dans l'obscurité d'Oldrain. Et de plus, il était, de ce que Renkiam pouvait voir, trop bien habillé pour être d'ici.
D'ordinaire, Renkiam n'aurait fait qu'hâter le pas, mais cet homme avait prononcé Eminence, la ville natale de Renkiam. Cela ne voulait dire qu'une chose, et Renkiam le savait, cet homme, en face de lui, connaissait son identité. Mentir ne servirait pas à de grands intérêts, mais se battre sur le champ allait détruire sa couverture et l'exposer à des problèmes plus graves encore !

"Que me voulez-vous? J'imagine que vous n'êtes pas là pour discuter de l'habituel temps d'Oldrain.'' Dit il en s'arrêtant près de l'individu, assez près pour pouvoir frapper directement par l'estoc.

Renkiam se montra prudent, mettant sa main droite sous son imperméable, au niveau où se trouvait son épée. Il espérait ne pas avoir à s'en servir, mais il ne laisserait aucune chance à cet homme si sa mission était de tuer Renkiam.

Visiblement, Hanzeem était bien en présence du fameux traître d'Éminence. Celui qui avait manqué à sa tâche, à la fois en tant que Vladata et en tant que Templier, en trahissant son clan, donc Van'velta, et ainsi son propre ordre, indirectement.
Mais il n'était pas ici pour le combattre, bien au contraire. Certes, en tant que Kaovan, ils étaient techniquement ennemis, mais le mage n'avait que faire de ce genre de choses. Il avait sa propre conception des liens, et les Vladata n'étaient pas dans son cœur, alors pourquoi leur rendre service ?
Non, ce qu'il désirait plutôt, c'était comprendre. Comprendre comment un homme d'une telle stature avait pu tomber aussi bas, et finir dans un lieu comme Oldrains ?

Il y avait toujours possibilité qu'il soit ici pour aider les mages noirs qui se cachaient, dit-on, plus à l'Ouest. Dans ce cas, il n'hésiterait pas à dégainer son arme. Mais plutôt que de montrer sa méfiance, il prit le risque de s'ouvrir, au pire il pourrait toujours rattraper son erreur avec sa relique.

Il lui tendit la main, toujours souriant.

« Ne vous en faîtes pas. Je ne suis pas ici pour vous. C'est même plutôt une surprise, de croiser quelqu'un comme vous ici. »  

La main tendu par cet homme fut étrange.
Non pas que sa main ait une quelconque mutation, non, ce geste était symbolique. Que cherchait cet homme? Renkiam, le rejeté, le traitre, méritait il que quelqu'un s'attarde sur lui? Que quelqu'un de plus jeune soit là, en face de lui, sous une pluie battante à lui tendre sa main?
Il devait y avoir un piège. Cet individu devait être un génie, un assassin.

Mais, il paraissait sincère. Il connaissait Renkiam, alors il devait connaitre ses points forts, ainsi que ses faiblesses. Vouloir assassiner quelqu'un comme Renkiam en l'attaquant de face était trop dangereux.
Peut être que cet homme était curieux? Il parlait de ''quelqu'un comme vous''. Qu'est ce qu'un homme comme Renkiam est, si ce n'est un traitre?

Renkiam était divisé d'un coté, il souhaitait écarter cette main, et continuer à vivre cette monotonie, mais de l'autre, il ne le voulait pas. C'était la première fois qu'un homme lui tendait la main depuis Eminence...
Renkiam sorti lentement la main de son imperméable, scrutant à chaque instant les réactions de l'homme. Ne voyant que devant lui le calme et un sourire, Renkiam se risqua à répondre à cette main.

''Vous ne m'avez toujours pas dit ce que vous voulez.''

Après un instant d'hésitation, l'ancien templier serra sa main.

Hanzeem espérait qu'avec cela, il comprendrait que ses intentions n'étaient en aucun cas belliqueuses. Bien au contraire même. On lui demanda ce qu'il voulait.

En apprendre plus sur ce qu'il s'était vraiment passé, bien sûr. En savoir plus sur cet homme, celui qui avait ouvert les portes. Comprendre pourquoi, comment, pour quelle raison avoir aidé un mage noir, puis visiblement ne pas l'avoir rejoint ensuite ? Peut-être était-ce lié à la Plume noire, cette fameuse malédiction Vladata, qui les pousse à toujours rechercher plus de pouvoir. Peut-être avait-il été tenté pendant un instant, puis s'était repris ensuite, lorsqu'il était trop tard. Il voulait tout simplement savoir. Et, pourquoi pas, aider cet homme qui, s'il vivait à Oldrain, devait être tombé bien bas, plus bas qu'il ne le mérite vraiment. Il rangea sa main, et dit alors :

« Tout dépend. Désirez-vous savoir ce que je veux, ou ce que je suis censé vouloir ? Car ce sont deux choses très différentes. »

Une phrase floue. Il adorait en poser, surtout aux gens qu'il rencontrait. Cela lui permettait de garder une certaine distance, un certain contrôle, précautions bien nécessaires dans un monde où souvent, les mots frappent plus forts que les lames, et peuvent changer l'issu d'une bataille à eux seuls.

Renkiam eu un soulagement. Cet homme, assez étrange au milieu de la rue ne semblait pas avoir les intentions qu'il craignait.

''Parlez-vous de la différence entre devoir et choix? Parlez-vous de ce que vous êtes venu faire ici et ce pourquoi vous me tendiez cette main?''

Renkiam espérait avoir saisit le bon sens des mots de son interlocuteur. Ce dernier avait eu une bonne formation, mais d'où venait il? Un Vladata aurait certainement voulut la mort de Renkiam, mais pourtant, cet homme connaissait le visage de Renkiam. Bien qu'il fut connut pendant la période ou Renkiam était Templier, un portrait aussi précis capable d'identifier une personne aussi facilement ne devait avoir été fait que part le clan Vladata, et possiblement pour ses alliés.
Mais par ailleurs, comment cet homme avait il discerner les traits de Renkiam sous l'obscurité et le crachin perpétuel d'Oldrain? Un interlocuteur fort en mystère...

Visiblement, son interlocuteur avait comprit où il voulait en venir. Il y avait bien plusieurs sens à sa phrase. Tout d'abord, la mission qu'il était venu faire ici à la base, et considérer celui qui a trahi un camp allié comme un ennemi, étaient ce qu'il était censé vouloir. Alors que, jusqu'à maintenant, ce qu'il voulait vraiment était juste de retourner lire et étudier l'histoire du monde, ne sortant que pour récupérer des reliques perdues qui pourraient lui en apprendre plus, ou visiter des ruines oubliées remplies de trésors de souvenirs de leur ère de gloire.

Mais à présent, il avait également d'autres objectifs. Pourquoi lui avait-il tendu la main ? Pour lui montrer qu'ils étaient du même côté. Ou du moins, à priori. Il avait préféré ne pas évoquer son nom, car en effet les Kaovan sont connus pour entretenir des liens forts avec les Vladata, mais surtout de savoir bien cacher leur jeu. Il décida de simplement l'évoquer indirectement, alors il répondit :

« En effet. Mon devoir est bien de, probablement, abattre quelqu'un. Mais pas vous. Ou du moins, ce n'est pas ce qui était prévu. De devoir, le devrais-je sans doute. Mais de bon sens, devrais-je plutôt vous aider. »


Cela constituait un petit test… Hanzeem songeait que, si Renkiam était de mèche avec les déchus, alors probablement qu'il préférerait ne pas avoir quelqu'un se mêlant de ses affaires.

Renkiam écarquilla les yeux. L'homme en face appartenait bien à un clan allié des Vladata, ou même de ces derniers. Pourtant, le calme qui se reflétait dans ses yeux tout comme ses paroles et ses gestes n'était pas à la solde de ces clans.
Après quelques secondes de silence, Rekiam s'exclama :

"Vous qui de devoir devrait me tuer, pourquoi me proposer votre aide? Quel sorte d'homme êtes vous pour vouloir aider celui qui est en faute, celui qui à un moment de sa vie s'est écarté du chemin? Mais surtout, comment voulez-vous m'aider? Je vis ma pénitence, je subis ma décadence."

Renkiam hésitait tout de même à accepter son aide, qu'importe soit elle. Mais, les enjeux que cela pourrait amener était grand.

A priori, sa méfiance avait été sans fondement.

Il pouvait voir dans cet homme, et dans ses paroles, un être d'honneur, qui avait perdu l'estime de soi lors d'une époque sombre de sa vie, époque qu'il aurait sans aucun doute préféré oublier, effacer de sa mémoire et de celle du monde. Mais voilà, le mal était fait, et son âme en serait salie à jamais.

Hanzeem connaissait ça, lui qui avait déserté. Certes, c'était moins grave en comparaison, et le Kaovan n'était pas autant porté par des principes aussi symboliques et religieux, mais il avait abandonné sa propre famille, pour suivre son propre chemin. La personne en face de lui avait probablement eu ses raisons, à ce moment. Mais quelles étaient-elles ? Et pourquoi avoir finalement abandonné le chemin qu'il s'apprêtait à prendre, se retrouvant ainsi piégé dans le vide, abandonné par le futur qu'il a refusé, et par le passé qu'il a délaissé. Il lui fallait comprendre, et trouver une nouvelle voie. De part l'éducation religieuse qu'il avant suivie -avec peu peu d'attention, cependant-, il savait comment parler à un disciple, probablement dévoué en tant qu'ancien Templier :

« Vous avez fait le choix de vous abandonner. Mais votre déesse a-t-elle fait le même choix ? J'ai ouïe dire que les Douze délaissaient ceux qui s'écartaient du chemin qu'ils ont tracé. Avez-vous été délaissé, Disciple d'Elianne ?»

L'abandon.
Renkiam avait été abandonné par tous par sa trahison, et même depuis plus longtemps, à cause de son choix de voie, non conforme dans une famille Vladata. Lui même s'était abandonné, seul.
Jamais Renkiam ne se serait racheté, jamais il n'aurait pris l'initiative de tenter quelque chose. Et en à peine quelque phrase, cet homme lui avait remis en question 5 ans de sa vie.

Non, Renkiam n'avait pas été abandonné par tous, seulement des hommes, et non pas la totalité d'entre eux comme lui prouvait son interlocuteur. Renkiam n'était pas seul depuis tout ce temps. Comment aurait il put utiliser sa magie sans la puissance d'Elianne? Elle ne l'avait jamais laisser tomber ! Depuis tout ce temps elle était là, à ses cotés.
Pourtant, Elianne était la déesse de la chevalerie, et trahir les siens était un manquement au code établi. Mais pourtant, elle le soutenait, depuis tout ce temps.

Lui qui avait presque perdu sa foi venait de sentir une flamme de raviver.

''Seulement par les hommes. Vos mots m'ont fait comprendre qu'Elianne ne m'avait jamais quitté, malgré mes actions. Je craignais d'avoir bafoué le nom d'Elianne.''

Hanzeem sentait dans la voix dans son interlocuteur que quelque chose se passait. Avait-il visé au bon endroit ?
Les dieux sont complexes, et leur plan l'est tout autant. L'homme en noir avait comme théorie que les dieux n'abandonnent leurs disciples que si ceux-ci arrêtent volontairement leur culte, ou perdent progressivement leur sagesse, sans remarquer que le Mantra les quitte.

Oui, une telle trahison était un blasphème au nom d'Elianne. Mais d'après ses paroles, l'ancien templier en était conscient, et devait sans aucun doute le regretter.

« C'est parce que vous savez que vous avez bafoué son nom, et que vous vous en voulez, qu'elle ne vous a pas quitté. Elle sait que votre véritable nature est celle d'un chevalier et non d'un lâche qui rejoint le pouvoir avantageux. Vous-même, en vous infligeant ceci, vous lui prouvez à chaque instant que vous suivez toujours sa voie, qu'en acceptant le déshonneur vous prouvez que vous croyez en l'honneur. »

Mais les choses n'étaient pas perdues. Le savant avait entendu parler, lorsqu'il était à Éminence, des personnes se sentant tellement coupables d'avoir commis des fautes graves, qu'elles ont désiré se racheter en effectuant un voyage long, et dangereux, au nom de leur déité, ou de leur propre rédemption. Hanzeem ne croyait pas qu'il y avait quoi que ce soit de magique dans cet acte, mais pour une personne dévouée, ce devait être un véritable moyen de se pardonner à soi-même. Il lui dit alors :

« Avez-vous entendu parler, de ce voyage que font ceux qui désirent se racheter ? Ceux qui ont commis des fautes graves, et en sont conscients. Le grand voyage, partant de la ville d'Halvaska, jusqu'au plus au sud que l'on peut être avant l'océan, en traversant cet endroit que l'on dit si terrible : L'Appendice. Je ne suis pas théologue, mais je doute qu'Elianne désire voir un disciple se détruire lui-même. Il est probable qu'elle attende de vous que vous vous repreniez, que vous lui prouvez que vous êtes encore apte à porter son blason, et à défendre ses idéaux. C'est ce que les disciples sont censés faire, non ? »

Renkiam s'étonna :
''Parlez-vous de l'ancien pèlerinage? Celui que les anciens ont tracés il y a maintenant fort longtemps? Il est vrai que d'après les plus anciennes légendes le fait d'effectuer ce voyage est un acte fort, autant en foi qu'en volonté, mais aussi garni des plus difficiles épreuves et embuches, surtout dans ce contexte difficile, dont j'en suis un peu responsable. J'aimerai vous dire que non, je n'y ai jamais pensé, que non, je n'en serrais pas capable. Mais, je sens au fond de moi le besoin de me racheter, à la fois auprès d'Elianne, mais aussi auprès de moi-même.''

En déclarant ceci, Renkiam savait qu'un voyage d'une telle difficulté n'avait jamais été entrepris par lui même, et le réussir ne se ferrais pas seul. Il lui faudrait des camarades, des compagnons. Eux aussi voulant faire ce pèlerinage, eux aussi peut être des déchus, des hommes et des femmes ayant besoin de se racheter.
Mais une question se tenait dans la tête de Renkiam : Qui était cet homme en face de lui? Non pas qu'il était une menace, mais sur sa raison de sa présence à Oldrain. Un Vladata aurait du traverser les montagnes pour passer ici, et un Serais aurait encore plus de chemin. Cet homme, se tenant debout sous la pluie... Etais-ce un Kaovan? Un de ces chercheurs travaillant dans l'ombre?
Renkiam n'en avait que rarement rencontré, et généralement ils se prenaient pour une élite. C'était vrai dans un sens, mais Renkiam lui aussi avait fait ses preuves en devenant le Templier d'Elianne.

''Toutefois, j'aimerais vraiment savoir ce que vous venez faire ici, et surtout pourquoi vous devez abattre quelqu'un, Kaovan.''
Renkiam se risqua dans ses derniers mots à montrer qu'il pouvait aussi lire un peu dans les autres, bien qu'à un niveau assez inférieur à son interlocuteur. Peut être que ce dernier le menait en bateau depuis le début, et que Renkiam se trompait sur l'identité probable de cet homme.

Hanzemm sourit à ces derniers mots, avant de répondre :

« Je suis Hanzeem Vonark Kaovan, en effet. »

Il était assez satisfait de savoir que l'ancien templier avait deviné son clan, avec les quelques indices qu'il avait donné lors de leur discussion. Concernant sa question, il ne pouvait y faire : La guerre secrète entre les Kaovan et les Noah se devait de bien porter son nom. Il était plutôt d'accord avec le principe de ne pas la révéler, ce qui risquerait de plonger Van'Terria dans un chaos total, la nation survivant difficilement avec un équilibre aussi instable.

« Je suis en mission, mais je ne peux vous en dire plus. Il vaut mieux que certaines choses restent à leur place : Loin dans l'ombre. »

Il adressait bien sûr un message à ses ennemis, qui d'après les anciens textes viendraient de profondément sous nos pieds.  

« Cependant, si vous souhaitez commencer à reprendre du service, rien ne m'oblige à vous empêcher de venir. Tant que vous ne posez pas de question, et que cela reste entre nous.  Même si, il est probable que ma cible ne soit pas là, finalement. »


Alors qu'ils discutaient, le soleil était déjà tombé sous la ligne de l'horizon, et l’œil gauche d'Hanzeem commençait à devenir très visible.

L'œil gauche d'Hanzeem ne troubla pas Renkiam. Il avait vu pire dans sa vie, et cela expliquait comment il avait réussi à distinguer le visage de Renkiam. Mais cela intriguait tout de même Renkiam : Etais-ce une mutation? Hanzeem en avait il d'autre malgré son jeune âge? Peut être était il passé par les chercheurs Vladatas... Mais cela restait peu probable.

"Loin dans l'ombre vous dites? J'ai suffisamment vécu dans l'ombre. Si vous avez une cible, il est probable que je sache où elle se trouve. Après ce que vous avez fait, il est normal que je vous aide à mon tour.''

Renkiam se voulait bienveillant dans ses paroles. S'il pouvait aidé son interlocuteur à son tour, il le ferait, D'autant que ce dernier risquait beaucoup pour cette discussion :

''Toutefois, j'espère que notre conversation restera secrète aux yeux des autres. Cela vous ferait mauvaise image de savoir que vous avez discuter avec un traitre, et d'être parti sans l'avoir tué.''

Hanzeem en arrivait à se demander : Qu'est ce qu'il avait concrètement fait ? En quelques mots, il semblait avoir redonné espoir à un homme qui en avait perdu. C'était sans doute déjà pas mal, mais il ne s'attendait pas à recevoir de la reconnaissance. Discuter avec les autres, en apprendre plus sur leur psychologie, et les aider si besoin, c'était comme normal pour lui.
Non, ce n'était pas de l'altruisme, ni une forme de compassion particulière, mais c'était simplement sa nature.

Son interlocuteur s’inquiétait de l'image que les gens auraient de lui si ça se savait. Hanzeem ne s'inquiétait absolument pas de ce détail : La spécialité des Kaovan, si l'on peut dire, c'est de rester discrets sur leurs actions. Sur un ton plus enjoué, il dit :

« N'allez pas vous en faire pour ce genre de choses. Je ne suis pas un Kaovan pour rien. Les mystères, ça me connaît. »

Il disposait déjà de l'adresse du suspect, ou du moins d'assez d'informations, qui lui suffiraient avec un peu de recherche. Mais si cela pouvait faire plaisir, et rendre confiance, il prit un ton plus solennel pour continuer :

« Concernant la personne que je recherche, il s'agit d'un homme de ce quartier. Assez âgé, peut-être la cinquantaine. Roux, cheveux courts. Normalement, il devrait avoir emménagé ici il y a peu, et possède un comportement étrange, atypique, peut-être dérangeant. Ça vous dit quelque chose ? »

Renkiam réfléchit pendant plusieurs secondes. Il avait en effet entendu parler de cet homme ayant emménagé à Oldrain il y a peu. Personne ne savait d'où il venait, mais il se faisait bel et bien remarqué par tout le monde, il était même l'un des centres de discutions du moment aux docks.
Cela soulagea Renkiam. La cible n'était pas un exilé comme lui. Jamais un exilé ne chercherai à se faire remarquer, mais cela questionna d'avantage Renkiam : Qui était cette cible? Pourquoi un membre de Kaovan chercherait à l'éliminer?
Toutefois, Hanzeem lui avait demander de ne pas poser de question, et c'est ce qu'il ferais. Renkiam avait des informations, et s'empressa de les lui faire partager :

''Oui, tout le monde ici entend parler de lui, et tous se demande ce qu'il vient faire ici. Certains voyant même son comportement comme... Un signe néfaste. Ces gens sont naturellement méfiant, et ne verraient pas sa disparition comme un problème. Toutefois, cet homme à réussi à passer à tabac deux hommes travaillant aux quais. Aussi, il sort très souvent de chez lui, passant un temps très court dans sa bâtisse. Le reste du temps, il me semble qu'il rode autour de la ville.''

Renkiam avait appris en cinq ans plusieurs manières pour survivre. En plus d'une grande prudence, il écoutait tout ce qui se disait en ville, et avait pris l'arrivé d'un homme au comportement étrange comme une menace, et pris quelques notes supplémentaires sur cet homme.

Plus Renkiam parlait, et plus les soupçons d'Hanzeem grandissaient. A chaque mot, il ne faisait que confirmer un comportement probable des Noah infiltrés. Comportement étrange, parfois violent, peu de contact avec la zone urbaine… Mais si celui-ci restait en dehors de la ville, c'était parfait. Au moins, le Kaovan ne risquait pas d'attirer l'attention sur lui, et encore moins sur le disciple d'Elianne. Il dit donc, sur un ton plus anxieux :

« Hum… Je crains qu'il soit bien ce que je recherche. Si vous savez où il vit, pouvez-vous m'y mener ? J'ai besoin de fouiller sa maison. »

On pouvait facilement repérer un Noah à son style de vie. Ils ont peu de choses, et savent rarement comment un homme se nourrit. On lui avait raconté, qu'une fois, un Noah avait été découvert parce qu’il conservait des rats morts dans ses vivres. Il y a beaucoup de signes comme ça, qui permettent de différence une simple personne étrange, d'un véritable ennemi caché. En parlant de ça, il ajouta :

« J'espère que vous avez une arme. S'il est chez lui, il n'appréciera sans doute pas notre visite. »

Renkiam eu un sourire en coin lorsque Hanzeem prononça sa dernière phrase. Oui, toujours il gardait toujours son épée sur lui. Cette épée, à la fois chargé de puissance, d'histoire et de larmes. Forgée par les meilleurs forgerons de Van'Velta, des membres de Trinité, elle avait été ensuite enchanté par la puissance d'une femme, et pas n'importe laquelle : Cette femme n'était autre que Vampa'Delcero Vladata, la dirigeante du clan.
C'était difficile à dire, mais sans cette lame, Renkiam aurait certainement eu beaucoup plus de mal à survivre, mais devoir dire que sa survie dépend d'un Vladata serait... Malvenu.

''Ne vous inquiétez pas pour moi, ma lame est toujours avec moi, mais j'espère que mon expérience du combat l'est toujours.''

Renkiam conduit ensuite Hanzeem à travers les quelques ruelles qui les séparaient de cette bâtisse.
L'endroit était sinistre, et le bâtiment encore plus peut être, mais restait sobre dans les bas-quartiers. Déjà qu'Oldrain était une ville pauvre, les bas-quartiers l'étaient encore plus, mais il n'y avait pas de maison abandonné : toute celle qui l'était devenait propriété d'un autre.
Cet homme au comportement étrange devait s'être approprié cette maison. Renkiam avait fait un peu près la même chose quand il s'exila ici, mais il resta très discret.

''C'est ici.'' Fit Renkiam en désignant la maison du bras.